Réponse au blogue de Pascale et sujet touchant: le décrochage scolaire

Effectivement, c'est partout: journaux, télé, web, bla bla bla: le décrochage scolaire.

Ma patronne en parle beaucoup ces temps-ci, elle est plus ou moins impliquée puisque son petit à quelques difficultés avec l'école. Depuis quelques jours j'entend beaucoup d'hypothèses d'adultes qui sont pas très contents de ce qu'on l'air les jeunes aujourd'hui. Pascale en a parlé dans son blogue, à mon tour.

Moi ce que j'entend depuis lundi c'est que c'est la faute des professeurs, c'est la faute de l'école, maintenant ils ont des anneaux dans le nez, ça traîne les pieds et ça l'a les culottes jusqu'aux fesses, donc ça n'aide pas. Désolé de décevoir les vieux croûtons, mais c'est pas parce qu'on a des anneaux dans le nez ou qu'on s'habille mal qu'on est définitivement un décrocheur. On appelle ça un jugement, et c'est avec ce genre d'idée que le jeune se referme encore plus.

Premièrement, je veux rectifier quelque chose: on ne naît pas paresseux, lâche ou qu'importe, on apprend à le devenir. Il y a évolution dans les valeurs et la manière d'élever nos enfants, et c'est pour ça qu'on a attribué des générations: silencieuse, baby boom, X, Y, et celle dont je veux parler maintenant (désolé, je ne connais pas son nom).

Dans le temps de Pascale, on s'entend, il n'y avait pas beaucoup de technologie. On jouait avec notre imaginaire, on écoutait passe-partout et traverser la feuille de papier géante était la chose la plus fantastique du monde. Les parents étaient plus présents, outre aller jouer dans le parc et lancer des roches dans les ruelles, il n'y avait pas grand chose pour abrutir (note: j'y vais très grossièrement, mais j'espère tout de même qu'on voit ici le sens de l'idée). Le respect d'autrui était importante dans les familles. Les professeurs n'avaient pas peur de mettre un élève en retenu, et les parents comprenaient, pour la plupart.

Notre époque, à moi, Stef et Dave de Granby, on a suivit ce courant avec quelques modifications: Internet. Mais encore, c'était petit en 1980/1990 (pensez à Nintendo, les premiers e mail). On a tout de même évolué avec les émissions des grand frères, grandes soeurs, on a aussi écouté passe-partout, nos parents suivaient les valeurs de leur parents. On jouait encore dehors et nous aussi on lançait des roches dans les ruelles. Mais on a aussi eu les divorces...

Il s'en passe beaucoup de choses en dix ans. Dès '90, on a vu la vitesse prendre le dessus de tout: haute vitesse, super NES, playstation, tout ça a évolué d'une manière incroyable. Et Internet, ça nous donnait des informations vite! Beaucoup plus le fun d'avoir nos informations pour des recherches à l'école sur Internet avec un clic que d'aller à la bibliothèque pour faire des bibliographies (ark! caca, c'est long, pis... des livres!).

Avec les familles divorcées, on a pu constater que parfois, les valeurs n'étaient pas les mêmes chez papa et chez maman. Papa veut que je mange du chocolat après 19H, pas maman. Maman veut que je me couche à 21H tous les soirs, pas papa.

Aujourd'hui, comme on le voit avec la musique et/ou la mode, c'est un mélange de tout ça, de toutes les générations mais avec l'évolution rapide et puissante comme Internet. TOUT va vite. On veut aller plus vite, on veut que tout nous arrive dans un flash. Ça s'est fait petit à petit cette idée. Consommation au max en 80, maintenant en 2000 on veut tout avoir, tout de suite.

Les valeurs ont pas passées le test dans les nouvelles familles. Pour consommer, faut de l'argent, pour avoir de l'argent, faut un job et le job, on est là 90 heures semaines. C'est ça que les jeunes maintenant ont comme valeur: le temps, c'est de l'argent, il n'y a pu de: partage avec ton ami, respect ton prochain, ne fait pas ce que tu ne veux pas qu'on te fasse. Ça, c'est la télé qui l'apprend aux jeunes maintenant. Barney et télétubbies sont là pour te dicter la bonne voie, mais avec des sons de niaiseux pis des musiques de mongole à 4¢. Les contradictions qu'il y a entre individus de la même famille n'aide pas non plus. On se sent mal de s'être divorcé, ben on achète le mal à nos enfants, on les chouchoutes avec des Ipods et des cellulaires pour qu'ils oublient le bobo. On va trop vite, on oublie de se parler, de communiquer, de moraliser, de philosopher.

Et les écoles? On a passé de soeur qui tapent à coup de palette à prof méchante qu'on aime pas et qu'on se rappelle encore parce qu'elles nous avaient punis parce qu'on avait parlé, à prof sympathique qui veulent être notre amis à prof qui s'assume pu. Les professeurs ont peur des adolescents et des jeunes. On ne peut plus faire de discipline parce que les parents viennent critiquer qu'ils sont intolérants avec leurs enfants. Les réunions de parents d'élèves ne servent plus à rien. Les professeurs ne savent même plus comment faire la discipline, ça jongle. On punit parce qu'on a vu le petit parler à son camarade, mais on tolère qu'il ne fasse pas ses devoirs. Où est l'erreur dans tout ça?

Finalement, ce que je veux dire, c'est que le blâme est autant aux parents qu'aux professeurs, mais surtout aux parents. Arrêtez de materné votre enfant comme s'il avait 3 ans tout le temps! Quand l'enfant ne sait même pas comment se faire un oeuf même à treize ans, il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut se parler, montrer le bon exemple. Si durant toute l'enfance le jeune voit ses parents aller à la vitesse de Flash, que dès qu'il dit qu'il veut telle ou telle chose, en un clin d'oeil et l'obtient sans comprendre les raisons de ce cadeau, il faut être con pour ne pas comprendre pourquoi les jeunes se décourage dès la première déception.

Mon texte est trop long, m'a m'arrêter ici.

Commentaires

Cab a dit…
C'est un excellent phènomène que vous avez abordé là!

La responsabilité des parents est bel et bien là, on s'entend que c'est la base de l'éducation bien avant que l'école commence. J'ai gardé quelques flots quand j'étais jeune et je les ai vus grandir. Un de mes voisins, qui a ses DEUX parents, des gens formidables, et il a laché l'école il y a quelques temps, en secondaire 5. Je l'ai rencontré dans le bus et il m'a dit que, à Louis Riel, c'étaient des remplaçants qui se succédaient qui donnaient se cours. Tellement que, en anglais je crois, il n'avait même pas de note dans son bulletin! C'est un bon p'tit cul, pas délinquant pour deux cennes mais un moment donné, quand tu passes 8 heures de ta journée a perdre ton temps, il en a eu marre. Ses parents ont supporté sa décision et son plan est fait: il travaille, ce qui est en soi une éducation de la vie, il va finir ses études en école de raccrochage et ensuite, il planifie faire un cours de cuisine, quelque chose qui le passione pour vrai. Comme quoi, dans les statistiques, on a tendances a oublier ceux qui ne supportent simplement pas le système foireux en place.

De l'autre côté, j'ai mon cousin qui ne semble intêressé par rien et qui accumule échec après échec. Deux ados du même âge, deux parcours différents.

L'école secondaire peine à garder des ados de plus en plus informés et aggressés par notre société de performance accrochés à l'école. Je me rappelle d'être arrivée en secondaire 5 avec aucune espèce d'idée de la vie que je voulais avoir après ces 5 ans d'enfer. Les jeunes ont besoin d'avoir de plus en plus tôt une lumière vers laquelle regarder, un but qui motive leurs études. C'est une des raisons pour laquelle l'éducation professionelle est aussi intéressante. Tu sais que si tu étudies pour devenir plombier, électricien, coiffeuse, whatever, tu te feras pas chier avec des matières qui en fin de compte, serviront a rien. Si le secondaire est là pour épurer les bons des mauvais, ils font leur job. On dirait un long test dont seuls les plus acharnés survivent, quand, pourtant, il y a une place pour tout le monde. Un test qui dénigrent les originaux, les têtes fortes et qui condamne l'originalité. Il faut vraiment revoir le modèle. Notre orienteure, celle qui est venue nous voir qu'une seule fois durant le secondaire, nous répètais que les études post-secondaires étaient dont dures et épouvantables. Essaie d'encourager le jeune qui coule en math parce que merde, c'est pas donné a tout le monde l'esprit cartésien!

C'est sûr que le monde a évolué, les tentations vers la facilité ont déculpés, les parents sont moins présents, etc. Mais on a aucune excuse de pas s'adapter, de traiter les jeunes comme une masse inerte et stupide, de les mouler et de récupérer les survivants. L'éducation s'acharne avec un modèle désuet, qui ne suis pas du tout l'évolution de la société. C'est pour ça que le privé a la cote, a cause de ses ressources et surtout, son personnel vraiment qualitifié. On est loin des bulletins ou il n'y a pas de notes, faute de professeur.
St3ff4ny a dit…
Moi y a quelque chose que je ne comprends pas, dans le décrochage, et j'en ai glissé un mot sur le blogue de Pakou. Même si je suis d'accord avec Cab sur le système scolaire qui semble quasiment condamner l'originalité (y a pas grand cours où on peut l'utiliser...) ou sur le fait que le conseiller en orientation essaie presque de nous décourager de poursuivre des études post-secondaires, je ne comprends pas comment on peut lâcher cette étape importante. Peut-être est-ce parce que j'ai fait toutes mes études secondaires dans deux écoles privées, mais encore là... La dernière était pas vargeuse. Je ne suis pourtant pas quelqu'un qui aime être sur les bancs d'école, même que je déteste ça. Mon père poussait et poussait sur les études car « juste avec un secondaire 5 tu iras vraiment pas loin... tu vas passer ta vie comme caissière dans un dépanneur. Si c'est ça que tu veux, fine, mais tu vas rester dans un 4 et 1/2 toute ta vie sans un petit luxe. » ...
Même si je trippais pas sur l'école, même si j'ai toujours eu du mal en maths, même si y avait plein de cours inutiles, j'ai quand même terminé mon secondaire. Je me suis dit qu'on verrait pour la suite, mais j'avais déjà une idée de ce que je voulais faire et j'aurais au moins mon DES si jamais tout ne se passait pas comme prévu. En tout cas, au moins je savais dans quel domaine, sans savoir quel métier exactement.
Mais j'ai attendu d'avoir fini mon secondaire avant de me poser des questions, prendre un break. J'ai fait une moitié de session de Cégep, pour me rendre compte que j'aimais pas ça pentoute en art et lettres. J'ai attendu l'automne d'après pour y retourner, juste les cours de base, j'ai arrêté à peu près vers le même moment qu'à la session précédente. Je me demandais réellement ce que je foutais là, à quoi ça me servait d'être là. Je trouvais ça long, aussi.
J'y allais juste parce que mon père me poussait dans le cul, comme il fait avec ma soeur depuis un bout.
Après ça, ben je suis emménagée avec David, donc je ne suis pas retournée à l'école. On a déménagé à Sherbrooke, je me suis inscrite au Cégep pour l'hiver, et puis le seul cours que j'ai suivi jusqu'à la fin était le cours de français, parce que pour une fois, il était intéressant.
Et puis autour de ma fête, au mois de mai, j'ai réalisé que je voulais être réviseure-correctrice (j'ai appris là que cette profession existait!) et qu'en plus il se faisait un Bac en communications à la Télé-université, et que quand t'as 21 ans, t'as juste besoin de passer un test de français, mais pas besoin de Cégep.
J'ai été acceptée haut la main!
En cours de route j'ai changé de programme et bla bla bla, mais au moins je fais ce qui me tente vraiment maintenant : étudier quand je le veux, comme je le veux, dans un programme court (certificat) et que j'ai même pas besoin de sortir de chez moi!
Une chance que j'ai trouvé ça, sinon je sais pas où je serais en ce moment. La vie fait bien les choses parfois.

En tout cas! En fait, je parlais de ça car je comprends mal le décrochage avant 17 ans, et qu'il y a une chose à laquelle je diverge par rapport à ce que Cab a dit, à propos de parler aux jeunes de carrières plus tôt. Je ne sais pas si c'est la meilleure solution, mais moi, 16 ans, je trouve ça ben d'trop jeune pour se faire une idée exacte de ce qu'on veut faire. On a eu 3 ans au secondaire pour explorer ça et je me suis fait une idée à 21 ans... et je ne suis vraiment pas la seule dans mon cas.
St3ff4ny a dit…
J'en ai parlé un peu avec mon père, en fin de semaine, et un détail m'est revenu à ce sujet : ne penses-tu pas qu'une des raisons majeures serait la "trop féminisation" de tout ce qui est scolaire et enfant? Si on regarde juste le corps professoral, les 2/3 au moins sont des femmes. Les psycho-éducatrices, les éducatrices à l'enfance et en garderie, les directrices, etc.
Plus ça va plus y a de féminisation dans les écoles, et plus y a de féminisation, plus y a de décrochage... Bizarre.
St3ff4ny a dit…
http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/pierre-foglia/200904/08/01-844985-le-decrochage.php

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