Hector

Il était une fois, un homme se prénommant Edouard, et sa femme, Marthe, tous deux s’aimant passionnément. Leur amour était si grand, si tendre et leur souhait le plus cher était de former une abondante famille. Pourtant, au fil des années, la cigogne n’était venue apporter qu’un seul menu présent aux deux tourtereaux. Le petit miracle était un petit garçon qu'ils prénommèrent Hector. Ses parents, adorateurs fervents de ce petit trésor, le cajolaient d’une manière démesurée: des câlins et des bisous à profusion, une mer de cadeaux le jour de son anniversaire, bref, il avait tout ce qu’il voulait. Par contre, ces deux êtres étaient connus pour leur bonté et leurs valeurs tournant autour de la générosité et de la gentillesse, et c’est ce qu’ils inculquèrent à leur petit trésor.

Et les années passèrent...

Il n’avait pas encore atteint sa dixième année que le poids du petit Hector était le double et peut-être même le triple de la normalité enfantine, dû à l’abondance que ses parents -eux étrangement minces, comme des allumettes!- lui avait donnée. Ses bajoues et son ventre formaient de petites sphères parfaites. Tous ses camarades de classe l’appelaient «Ballon» ou «Gras-double». Hector était un petit garçon bien sensible, et ces appellations le faisaient énormément souffrir.

Peu avant son anniversaire, Hector se confessa à sa bonne Étoile, lui racontant les mésaventures qu’il avait dans la cours d’école:

«Ces enfants sont si méchants, je ne suis pas un ballon! Si je pouvais voler devant eux, ils seraient bien surpris!»

Et il s’endormit, rêvassant qu’il volait grâce à un bouquet étourdissant de ballons rouges cerise, sous une pluie appétissante des meilleurs bonbons et macarons aux couleurs multicolores qu’il connaissait.

Au matin, Hector alla à la salle de bain pour nettoyer sa ronde figure et se prépara pour une autre journée d’école. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit dans son dos une minuscule paire d’ailes, petites et fragiles. Mais qu’était-ce donc que cela? Un présent de ses parents un peu étrange? Les plumes délicates se déployaient doucement, mais semblaient encore trop frêles pour battre.

Hector cligna des yeux, incrédule. Il tenta de cacher sa paire d’ailes le mieux qu’il pu avec son sac à dos aux motifs d’animaux rigolos. En descendant l’escalier pour aller à la cuisine, il décida de ne rien dire à ses parents, les secrets sont parfois bien chouettes, surtout lorsqu’il s’agit d’ailes dans le dos! Après avoir manger une montagnes de crêpes aux myrtilles de sa mère –les meilleures de la région–, il alla dans le jardin pour faire une tentative de vol tout juste avant de partir pour l’école. Il se concentra le mieux qu’il pu, mais rien ne se passa, pas même un millimètre de planage. Peut-être que ses ailes étaient encore trop fragiles?

Arrivé à l’école, il fit comme si de rien n’était. Tous les gamins continuaient leurs comptines blessantes, mais pour une fois, Hector garda la tête haute, sa bonne étoile l’avait entendue, il le savait bien. Ils allaient voir se qu’ils allaient voir, ces clowns! Au dîner, alors que le ciel annonçait de la pluie avec ses gros nuages gris, Hector se dépêcha de se trouver un endroit désert pour tenter une seconde fois une envolée.

Il s’échauffa et battu des ailes le mieux qu’il pu, mais rien à faire! Il ne décolla point. Un petit groupe de camarades le regardait un peu plus loin, ses bras tendus vers le ciel, son front perlé de sueur tellement qu’il se concentrait.

Pauvre porcelet! Que faisait-il à sauter sur place? Le cercle s’agrandissait petit à petit et plusieurs jeunes garçons commencèrent à l’interpeller:

«Gros ballon! Gros ballon! Hey! Gras-double? On fait de l’exercice?». Tous rire de Hector, mais lui, continuait de se concentrer.

«Allez! Jolies ailes, allez! Battez fort, aussi fort que vous pouvez, faites moi voler sous leur yeux!», se disait-il intérieurement.


Tout à coup, des rayons du soleil pourfendirent les épais nuages, et un halo éclatant l’enveloppa. Telle une apparition divine, Hector baignait dans cette lumière, alors que tous se turent un moment, bouche-bées . C’était le moment ou jamais!

Pour une seconde fois, Hector se concentra sur ses petites ailes.

Flop, flop, flop!

Petit à petit le garçon que tout le monde appelait «ballon» s’envola, comme par magie!

Si un jour, dans votre vie, vous croyez voir voler une montgolfière près de votre maison, par temps gris avec quelques percés de soleil, regardez bien, il pourrait bien s’agir d’un petit garçon aussi rond qu’un ballon!

-Tous droits réservés © Mab 2009

Commentaires

Patch a dit…
J'attends tes illustrations pour ça demain matin, 8 heures, sur mon bureau...

Très le fun. J'en veux d'autres!

;-)
Pakou a dit…
Oh!! Mais dis donc, y'a-t'il une suite à cette histoire? Parce que j'en veux plus là! Non mais c'est mignon, drôle et même émouvant comme petite histoire. J'aime beaucoup et c'est vrai qu'il y a matière à illustrer tout ça. :)

Chapeau!
St3ff4ny a dit…
Quand tu auras fini, si tu le souhaites, je te corrigerai ça ;-P

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